Sauf mention particulière les textes, photos et plan sont extraits des  études documentaires réalisées en 2016 par :

  • MM. Richard JONVEL Archéologue Médiéviste et Thibaut LEGENDRE Architecte DPLG.
  • Mme Stefania DOTTI Ateliers RD pour les Peintures Murales.

Photo AHE


Sa construction : La pierre tendre du banc de Saint leu ( Lutétien moyen ) trop profondément  enfoui dans le sous-sol d'Eméville, a été extraite dans les vallées de l'Automne, des rus de Bonneuil-en-Valois et Longpré.

( Guy Launay - Roches et Carrières )

Présentation de l'église Saint Léger.

L'édifice dans sa forme actuelle, pourrait consister dans une église romane augmentée :

   - au XIIIe siècle d'un clocher à quatre pignons, modifié au cours des siècles

   - et au XVIe siècle, dans l'élan de reconstruction des églises du diocèse insufflé à la fin du XV et au début du XVIe  par Jean Milet évêque de Soissons,

     d'un chœur à chevet plat voûté en pierre, qui a pu se substituer à un chœur qui épaulait le clocher sur sa face sud,

    et d'un bas coté au Nord.

 

L'église a manifestement été unifiée à cette époque dans une architecture au goût du jour, à qui l'on doit, ici à Eméville comme à Vez une grande arcade au nord s'ouvrant sur un bas coté, une nef à couvrement lambrissé, des peintures murales et l'intention au moins, d'une chapelle débordante au sud, voutée en pierre et dont l'arc est bouché.

(extrait de l'étude documentaire / mémoire  sur l'église St Léger de MM. Richard JONVEL Archéologue Médiéviste et Thibaut LEGENDRE Architecte DPLG) .

Le clocher

Le clocher est une tour s'élevant sur trois niveaux sanctionnés par des larmiers et surmontés  de quatre pignons sous toiture ajourés,

Chaque niveau est éclairé notamment par des baies :

Au troisième niveau : géminées en tiers points et en plein cintre à boudin continu. Une ouverture rectangulaire allège le haut du triangle formé par chacun des pignons.

A noter à chaque angle les gargouilles.

Au second niveau : géminées en tiers points et en plein cintre à boudin continu pour certaines sur les faces nord et est, une seule ogivale sur la façade ouest ainsi qu'une seule rectangulaire du coté sud.

Au premier niveau : sur la face nord la baie en plein cintre éclaire le transept.

Ce clocher a été classé aux Monuments Historiques en 1937.

 ( photo AHE)

Son originalité tient à sa toiture à quatre pignons à pas de moineaux et à sa position  septentrionale par rapport au reste de l'édifice.

Les inventaires réalisés pointent notre secteur géographique comme le lieu de la plus forte densité de construction d'églises gothiques entre 1140 et 1240.

Ces clochers du XIIIe siècle à quatre pignons, qui dérivent sans doute des clochers rhénans, portent l'empreinte de l'école gothique champenoise.                   (photo Mairie )

Il abritait  les cloches.

Celle qui subsiste datée de 1782 n'a subit aucune dégradation  à l'occasion de la révolution et des guerres.

On peut lire dessus, le texte gravé :

 ( j'ai été bénite par Messire Michel Danré curé de Vez et d'Eméville. J'ai pour parrain Mr Charle des Boulet des Brosse de Séry, seigneur en parties d'Eméville,et dame Adélaïde Doblet, seigneur en parties d'Eméville et de Taillefontaine et autres lieux, le seigneur Philippe Fallot Desservant, Louis Crinon Marguillier et B Gilbert syndic.)

( photo Roches et Carrières)

NEF et CHŒUR

Le PORTAIL principal présente deux voûtements distincts et on peut penser que le voûtement interne était l'ouverture d'origine prévue. On relève la même forme d'arcature sur la paroi extérieure du mur goutereau sud. Inabouti ou remanié, il a été remplacé par une voûte en plein cintre puis ramené à une simple ouverture rectangulaire.

Une baie a été ajoutée au-dessus de la porte définitive scalpant l'extrémité de l'arc initial.

La Nef, dont le couvrement consistait dans une voûte lambrissée à laquelle se substitue le récent plafond plat, présente sur la gauche deux travées ouvertes en tiers point sur le collatéral nord dont la construction a pu intervenir plus tardivement au XVIIe siècle et sur la droite deux baies en berceau.

 

 

 

 

La STATUE de St PIERRE

sur la droite est attribuée au sculpteur Charles Gilbert né à Eméville le 23 juin 1945, créateur de la fontaine à la Coquille ( Villers-Cotterêts )

                                                                                                                                   ( photo AHE)

 

 

 

 

 

 

 

Photo de la très belle statue retrouvée dans l'église et déposée à la collection d'art sacrée du musée de l'Archerie de Crépy-en Valois.

(photo AHE)

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur la gauche une tapisserie toile des Flandres du XIXe siècle, offerte par la famille GROUT à coté de la chaire datée également du XIXe siècle.                                           ( photo AHE)

La POUTRE de GLOIRE

La séparation du Chœur (secteur sacré) de la nef (secteur profane) est assurée par une poutre de gloire en bois sculptée (frise à rinceaux), qui n'a pas de fonction architecturale.

Elle rappelle la scène du Calvaire sur le mont Golgotha.

Sont représentés le Christ entouré de la Vierge et de St Jean (seul apôtre ayant accepté d'accompagner Marie au calvaire).

Le Christ a des proportions plus amples que les autres personnages en raison de sa prééminence spirituelle.


 

 

Le CHŒUR

avec une voute en tiers point à nervures cylindriques reposant sur des colonnettes à chapiteau sculpté.

Le mur du chevet est ouvert d'une baie à deux lancette en tiers-point surmontée d'un remplage ajouré d'un trilobe.

 

Les VITRAUX

Comme sur l'ensemble des baies ont été remplacés par la Mairie en 2008  par l'Atelier Vitraux Max ( Noyon ).

( photo Mairie)

 

 

Le TRANSEPT dont la travée s'ouvre au nord vers le clocher avec l'autel dédié à la Vierge Marie et devait aussi, par symétrie, s'ouvrir au sud comme l'illustre les vestiges du grand arc inclus dans la maçonnerie. ( voir photo de la façade sud en début de page ).

 

Il accueille une sépulture dont la pierre tombale indique :

CY GIST LE CORPS DE M. JACQUES DE PAYELLEVILLE, PRESTRE CURE DE CE LIEU DESMEVILLE LEQUEL EST DECEDE LE 10e JOUR DE DECEMBRE MIL SIX CENS SOIXANTE ET SEIZE AGE DE 72 ANS PRIEZ DIEU POUR SON AME .

 

              ( photo AHE)

L'AUTEL serait daté du début du XIXe siècle. De chaque coté un tableau, restes d'un ancien chemin de Croix.

 

 

 

 

 

 

 

 

( photo AHE)

PEINTURES MURALES

 

La première campagne de décoration date probablement de la reconstruction de la nef au XVIe siècle. Successivement cette décoration fut partiellement reprise et modifiée. Il est très difficile de déterminer à quelle époque.

L'iconographie des feuillages et des branches est assez particulière; Elle renvoie à l'arbre de Jesse, motif cher au gothique tardif ainsi qu'à la renaissance.L'exemple le plus connu est probablement la Sala delle Asse au château Sforza à Milan.

 


Le décor de faux appareillage et de feuillage dans la chapelle latérale

La deuxième campagne apporte peu de modifications. Ce sont surtout les parties basses des élévations qui sont retravaillées et ornées d'un faux appareillage brun sur fond crème. les tores des nervures sont repeints en rouge-brun. Il est difficile de dater cette campagne qui s'inzcrit dans le décor d'origine. Le faux appareil porte un sceau reproduit de façon systématique sans ordre établi.


Quelques repeints localisés sur les nervures de la voûte.

 

La clef de voute et les départs des nervures sont en brun rouge


une nouvelle campagne semble avoir concerné uniquement le chœur. Au dessus des lambris de l'élévation sud du chœur on distingue des traces noires. A première vue on pourrait penser à la présence d'une litre funéraire, motif cher au moyen âge.

 

 

 

Une campagne moderne a badigeonnée l'église en beige.

EXTERIEUR

La façade ouest s'ouvre par un portail rectangulaire surmonté d'un tympan et d'un arc en plein cintre.La baie au dessus en plein cintre éclaire la nef et la petite à gauche le bas coté .

 

Les rempants du pignon qui unifient le bas coté à la nef ont fait l'objet des travaux de sécurisation en 2016.

Sur la place actuelle, devant cette  façade sud, Marc Durand dans son étude des cimetières médiévaux du sud-ouest de l'Oise évoque l'emplacement de l'ancien cimetière.

En bas à gauche de la façade l'ouverture latérale actuelle.

Derrière la statue de St Léger  porte bouchée d'une entrée  sud, voûtée d'un arc en tiers points surmonté d'un cordon dont l'emmarchement pour atteindre son seuil a disparu.A noter que l'on retrouve la même forme d'arcature au-dessus du portail principal à l'intérieur de la nef.

Juste après vers la droite, vestige d'un voûtement qui témoigne au moins de l'intention d'un transept sur l'actuelle place (en symétrie avec celui du nord du transept) avec son grand arc en berceau inclus dans la maçonnerie. Au-dessus de l'arc : baie bouchée qui devait permettre le passage depuis le comble de la croisée à celui du transept sud.

Les talus des contreforts (carrés jaunes) ont fait l'objet des travaux de sécurisation en 2016.

 

 

SAINT LEGER appartient au groupe des confesseurs mérovingiens. Martyr mort en 678 par décollation. Léger fut le conseiller du roi Chilpéric II et de la reine Bathilde. Avec la paroisse de St léger aux Bois, il s'agit d'une titulature très peu répandue dans le diocèse de Soissons mais bien attestée à Soissons même avec l'un des plus anciens établissement monastique de la ville, l'abbaye Saint-Léger présente dès la fin du VIIe siècle et conduites par des chanoines séculiers.